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L’Eure-et-Loir et la Seine-et-Marne étaient, jeudi 10 octobre, en vigilance rouge pour crues alors que les fortes pluies associées à la dépression Kirk se sont affaiblies en progressant vers le nord-est du pays. En outre, cinq départements sont en vigilance orange pour crues : la Vendée, les Deux-Sèvres, la Sarthe, l’Orne, et l’Aisne. La tempête a nécessité 3 700 interventions des pompiers, selon le premier ministre, Michel Barnier, qui a assuré que « l’Etat [était] là et [serait] là dans la gestion post-crise » de ces événements « très graves ».
En Seine-et-Marne, le Grand Morin, un affluent de la Marne, est sorti de son lit, submergeant par endroits champs, commerces et routes, et, à Pommeuse, inondant le stade, une usine et des maisons. Stéphane Quin, habitant de cette commune de 3 000 habitants, dit attendre que « l’eau s’arrête de monter », alors que le pic de crue était attendu pour la mi-journée. « J’ai 40 cm d’eau dans la cuisine », dit ce menuisier de 53 ans. « On sait qu’on est en zone inondable, mais c’est rare que le Grand Morin vienne jusque-là, et c’est quand même la quatrième inondation cette année », déplore Stéphane Quin.
« Aucun blessé » n’est à déplorer dans ce département, mais « l’épisode n’est pas terminé », a mis en garde la ministre de la transition écologique, Agnès Pannier-Runacher. Si la pluie a cessé en Ile-de-France, l’épisode se poursuit plus à l’est, et il est donc « probable que l’eau recommence un peu à monter », a-t-elle prévenu lors de sa visite à Coulommiers à moitié inondée. Dans cette ville, Vincent Bouchrot, directeur de cabinet de la maire, évoque « une crue hors norme », avec « une demi-douzaine de personnes » abritées dans des gymnases.
Comme ailleurs en France, des dizaines de routes étaient fermées en Seine-et-Marne, et les services locaux mobilisés pour répondre à des coulées de boue et des chutes d’arbres.
En Eure-et-Loir, « des débordements importants sont en cours dans les secteurs de Bonneval et de Saint-Maur-sur-le-Loi », où « des hausses de niveaux sont encore attendues et des débordements dommageables pourraient avoir lieu durant cet après-midi de jeudi », prévient le site gouvernemental spécialisé Vigicrues.
Dans la commune d’Epernon, « dans la nuit il y avait de l’eau sur la hauteur d’une voiture », témoigne Mathieu Ana, responsable communication de la mairie, et « jusqu’à un mètre d’eau » encombrait encore dans la matinée des maisons.
Ailleurs sur le territoire, les fortes précipitations depuis mercredi ont pu atteindre 120 à 130 mm dans les Alpes-Maritimes, aggravées par des rafales de vent jusqu’à plus de 110 km/h, perturbant le fonctionnement d’écoles, ainsi que le trafic routier et ferroviaire.
Le trafic ferroviaire « s’améliore globalement » jeudi en milieu de journée après avoir été interrompu localement dans cinq régions, a annoncé la SNCF. « Plus de 500 agents de SNCF Réseau sont intervenus sans relâche depuis [mercredi] pour dégager les voies et permettre une reprise la plus rapide des circulations », a précisé l’entreprise publique dans son point de situation à la mi-journée. Aucune ligne TGV n’a été touchée par la tempête.
Quelque 20 000 clients (particuliers et entreprises) étaient encore privés d’électricité jeudi en début de soirée, contre 65 000 en début de journée, selon un point du gestionnaire du réseau de distribution Enedis. Ces coupures concernaient 12 000 clients dans les Pyrénées-Atlantiques, 7 700 dans le Doubs et 5 000 dans le Jura, a précisé Enedis.
A Paris, les précipitations ont provoqué des interventions dans des sites prestigieux. Des bâtiments de l’Assemblée nationale ont ainsi été brièvement inondés mercredi soir à la suite d’une rupture de canalisation alors que de fortes pluies tombaient sur la capitale. Deux bâtiments de l’Assemblée, qui servent de lieu d’hébergement pour les élus, ont été évacués à la suite des infiltrations d’eau vers 22 heures. La fuite a été colmatée rapidement par les pompiers, mais une centaine de députés ont été logés pour la nuit dans des hôtels.
Jeudi, la ministre Agnès Pannier-Runacher a affirmé qu’« après le temps de l’urgence », il y aurait « le temps de la réparation » et qu’une mission d’inspection serait lancée « pour faire un retour d’expérience ». « Avec le dérèglement climatique, ce type d’épisode risque de se multiplier » et « il nous faut les prévoir, les anticiper » et « cultiver une culture de résilience ».
Après les tempêtes Leslie en 2018 et Lorenzo en 2019, « nous devons nous attendre de plus en plus à des ouragans dans des régions où l’eau était auparavant trop froide, mais qui deviennent de plus en plus chaudes, comme dans l’est de l’Atlantique », a également estimé Tobias Grimm, expert climatique de Munich Re, premier réassureur mondial, contacté par l’Agence France-Presse. « La recherche climatique affirme assez clairement que nous n’aurons probablement pas nécessairement plus d’ouragans si la planète continue de se réchauffer, mais que les zones où ils se produisent deviendront plus vastes », a-t-il dit.
Au terme du mois de septembre le plus pluvieux depuis vingt-cinq ans, les cumuls moyens annuels de précipitations ont déjà été dépassés un peu partout en France métropolitaine.
Septembre a aussi été marqué à l’échelle mondiale par des « précipitations extrêmes », exacerbées par les températures anormalement chaudes de la planète depuis plus d’un an, conséquence du changement climatique, selon l’observatoire européen Copernicus.
Le Monde avec AFP
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